Last updated on 1 décembre 2020
Lors de la réalisation des Portfolio ’18, cela m’est apparu comme une évidence : j’adore les photos sur route, les Balades comme je les appelle. Aussi, je me suis mis en recherche de nouveaux événements. Et me voilà en route pour le Rallye de Paris et ses autos exceptionnelles.
Rapide présentation de cette édition 2019. Les concurrents, au volant de leurs Supercars, vont tourner sur le Circuit de Magny-Cours et se diriger vers le château de Blois pour dîner et passer la nuit. C’est cette étape que je vous propose de suivre. En plus de la découverte d’une nouvelle piste, c’est surtout la perspective de voir ces autos sur de petites routes de campagne qui m’a motivé. Le lendemain, ils prendront la direction du Mans pour un autre circuit mythique.
Les préparatifs
- Le parcours : Celui-ci n’est pas diffusé officiellement au grand public. Je prends donc contact avec l’organisateur en évoquant mes reportages et quelques photos. Sans itinéraire, je ne pourrais rien faire d’autre que des photos de piste et quelques souvenirs dans la zone industrielle autour du circuit. Je ne sais pas dans quelle mesure mon site et les clichés transmis ont joué en ma faveur, en tout état de cause, j’obtiens le roadbook. Ouf, on peut passer à la suite !
- Les spots photos : Google Street View est mon ami ! Après avoir tracé l’itinéraire, je cherche des endroits photogéniques. D’office, je ne conserve que les départementales pour la proximité avec les autos, les routes plus étroites et le faible trafic. Ensuite, je cherche celles qui sont le plus sinueuses possible. Bon là, ça se complique. Le centre de la France est plutôt connu pour ces immenses champs et les lignes droites qui les traversent. Je repère néanmoins une petite portion de 2 km de la D43 entre Nérondes et Laverdines qui fera parfaitement l’affaire. Petit aperçu avec les photos prises durant la journée.
- Le timing : C’est crucial et pourtant c’est un élément qu’on ne maîtrise pas complètement. Le plaisir vient dans la réalisation d’une aventure aussi diversifiée que possible alors je me fixe quelques repères. Circuit le matin en alternant paddock, pit lane et tribunes – en croisant les doigts pour y avoir accès – et route l’après-midi.
- Les reportages des années précédentes : En fait, j’ai découvert le rallye de Paris sur le site Arthomobile.fr de Nicolas Jeannier. C’est ainsi que je l’ai inscrit à mon agenda 2019. Ces articles sont remplis d’infos très intéressantes sur le déroulement des précédentes éditions et notamment les points de vue sur le circuit de Magny-Cours. Je vous conseille d’ailleurs d’aller y faire un tour.
- Les concurrents : Là c’est LE coup de poker. Pas d’info, aucune communication … je me rassure en me disant qu’étant donnés les modèles éligibles, il y a peu de chance que je sois déçu. Ce sera la surprise !!
Que l’aventure commence !
Départ 6h, le voyage se résume à des lignes droites infinies au milieu des champs, la déception de voir la Scuderia Ferrari humiliée en qualification pour ce premier GP de F1 de l’année et la certitude qu’il va faire beau à partir de 10h malgré cette bruine qui m’accompagne depuis le levé du jour. Tous les bulletins météo que j’entends à la radio depuis 3h sont unanimes !
Après quelques hésitations, j’ai décidé de faire un petit détour par l’itinéraire de l’après-midi. Je vais perdre 30 minutes de paddock/piste, mais si ça me fait gagner un peu de temps pour la partie sur route ouverte ça en vaut la peine. C’est vraiment cet aspect du reportage qui m’attire particulièrement alors je mets toutes les chances de mon côté.
Juste avant d’arriver au circuit, et alors que toute la signalisation m’indique de poursuivre tout droit, Miss GPS me conseille une petite départementale sur la droite… Allons-y ! Bon, il s’avèrera que depuis 2009 et sa dernière mise à jour, une belle 2×2 voies est sortie de terre ! Mais, voyons le bon côté des choses : sans elle, je ne serais jamais passé devant l’Hôtel du circuit et j’aurais loupé ça !!
Me voilà un peu rassuré sur la qualité plateau du coup. Un bruit sourd, je lève la tête … Oh, une McLaren 720S. Ça y est, je suis convaincu ! Allez, je ne m’éternise pas, il faut rester vigilant sur le timing. Arrivé à l’entrée du circuit à 9h20, je suis accueuilli par une Ferrari 488 Spider et quelques spotters. Des photographes qui cataloguent Supercars et autos d’exception à la manière d’un album Panini. L’intérêt est plus dans la chasse et la rareté de la prise que la qualité de la photo en elle-même. Cependant, je ne comprends pas bien ce qui les pousse à rester sur ce rond point alors que l’environnement du circuit est tout de même plus photogénique !
Paddock
Sur la route vers les stands, je surprends une conversation anodine qui prendra tout son sens un peu plus tard dans la matinée.
- Je suis « Akram » sur Facebook… il ne devrait pas tarder à arriver.
- Il vient certainement pour passer un moment, je ne pense pas qu’il participe officiellement.
Je suis un peu largué. Visiblement cette personne est très connue sur les réseaux sociaux … Les premiers concurrents sont déjà arrivés et confirment mon sentiment : un plateau éclectique et de qualité.
L’arrivée de la 720S et de l’Aventador quelques minutes plus tard font monter l’excitation d’un cran. Certains tournent déjà sur la piste : 9h/11h – tours libres pour ceux qui le souhaitent, 12h/14h – sessions par plateaux pour tous les concurrents.
Direction la pitlane !
Je me dirige vers l’entrée des stands pour faire des photos de la dernière chicane. Le vibreur intérieur est assez haut et certaines autos y décollent d’après mes recherches. Je suis un peu dans la même position qu’au Val de Vienne et j’étais plutôt satisfait du type de photos que j’étais parvenu à faire.
Petite déception, la zone évoquée par Nicolas Jeannier n’est pas accessible au public, du coup je suis un peu loin du fameux vibreur.
La pluie ne s’arrête pas et je commence à maudire tous ces météorologues en herbe entendus ce matin! Globalement les pilotes n’en mènent pas large. Comme je les comprends, je ne ferai pas le malin non plus en Speedster sur une telle piste et dans de telles conditions !
Allez, je pense avoir fait le tour de cet endroit d’autant que je ne suis pas convaincu du résultat. Pas de saut, les autos passent trop loin de moi pour que l’effet explozoom soit vraiment significatif. Direction les tribunes. Sur le chemin, il fallut un peu de patience pour que tous les spectateurs sortent du cadre mais ça en valait la peine !
Quelques mots avec un membre de l’organisation pour confirmer le timing et rapide coup d’œil sur la liste des engagés : une Lamborghini Huracan Performante et une BMW i8 Roadster manquent encore à l’appel parmi les autos qui me touchent particulièrement. Par contre 50 concurrents, c’est vraiment moindre comparé aux éditions précédentes qui en comptaient jusqu’à 200. Un peu plus loin, je marque un petit temps d’arrêt : il y en a qui sont bien vus on dirait !
Tribune A
Vue en plongée sur la piste, le soleil fait son apparition, le bitume devient très brillant avec le contre jour – souvenir du Mans Classic ’12 – et le vibreur se découvre enfin !
C’est à ce moment là qu’un événement inattendu se produit, bouleversant tous mes plans. Un autre photographe est présent, on sympathise et il me propose de m’emmener découvrir d’autres spots du circuit … en voiture ! Mais c’est bien sûr, la Mégane RS ! Il sera mon chauffeur pendant toute la matinée, et comme tout bon taxi, son auto est maxi kilométrée : 329 000 km ! Merci encore Nicolas, à pied je n’aurai jamais pu en faire autant !
Tribune I
L’endroit est plutôt approprié pour faire des filés. Entrée du virage, point de corde, et même sortie avec cette grande zone peinte en verte. Le soleil est parti et les conditions de lumière ne sont pas géniales. Cumulés à une sortie de piste provoquant un drapeau rouge de quelques minutes, ce n’est pas ici que je ferai mes plus belles photos.
Tribune E
Toujours sur les conseils de mon guide du jour, on profite de la pause pour se déplacer vers la ligne droite des stands. En bout de celle-ci, Nicolas évoque un jeu de couleurs entre piste, vibreur et peinture verte. Exemples à l’appui sur son smartphone, ça semble en effet plutôt esthétique et original.
Le temps que le premier plateau se mette en place, nous discutons de nos expériences respectives et notamment des musées visités : l’Italie de mon côté avec Ferrari, Lamborghini et Pagani, l’Allemagne pour lui avec Porsche évidemment mais aussi des concessionnaires dont les showrooms sont emplis de pépites. Clairement une idée de voyage à creuser. J’apprends également qu’il a fait visiter plus de 10 pays à sa Mégane RS ! Un personnage vraiment sympathique.
Trêve de bavardage, l’activité reprend en piste et il faut bien l’avouer, on est très bien placé !
J’ai pourtant toujours en tête l’idée du saut sur les vibreurs. Direction le début de la ligne droite donc.
Tribune B
Ah ben voilà ! D’ici, j’ai une vue imprenable sur la chicane. On fige les autos pour capter les mise en appuis et guetter les actions les plus spectaculaires. Malheureusement, les conditions de piste – même si elles s’améliorent – n’encouragent pas les pilotes à attaquer à outrance.
Par contre, après visionnage des photos sur ordinateur, il s’avère que le fond est encore trop présent. Il aurait fallu réduire la profondeur de champs mais j’atteins les limites de mon matériel. C’est dans ces moment-là que je pense au bonheur des objectifs pro comme le 70-200mm f2,8. Hors budget pour l’instant, à part en location – je vous recommande d’ailleurs le site objectif-location.fr – pour quelques événements bien précis … Autre solution, être en bord de piste pour me rapprocher de l’action. Un des objectifs de l’année.
Cet emplacement permet également de suivre les autos à l’accélération.
Parce que je ne suis pas sûr d’avoir l’occasion de revenir à Magny-Cours de sitôt et que j’ai la bougeotte, nouveau déplacement, dans la tribune juste à côté pour le second plateau.
Tribune C
Pendant la petite pause en piste, Nicolas m’apprend que le fameux Akram évoqué en début de journée viendrait en … Porsche Carrera GT ! Finalement, je ne suis plus si indifférent à sa venue ! Lorsque les autos du plateau B arrivent dans la pitlane, j’aperçois cette fabuleuse Porsche, un numéro sur la portière. Outre le bruit absolument magnifique du V10, j’ai des papillons dans le ventre à l’idée de photographier cette supercar démoniaque et exclusive sur route lors du rallye qui va suivre ! D’autant que le soleil tant attendu se montre enfin … ça va être top !
Les concurrents s’élancent un à un de la pitlane. Plein gaz pour tester l’adhérence précaire, le train arrière de nombreuses autos se dérobe. C’est le cas notamment de la BMW M2 mais également de la Carrera GT. Ah ce moteur ! Une mélodie vraiment atypique et singulière. Même le fabuleux V12 de l’Aventador ne peut pas lutter.
Nouveau départ, sans la Carrera GT ni l’Aventador qui resteront dans le paddock. Snif …
Visiblement la Corvette apprécie le combat rapproché !
Cerise sur le gâteau, cet endroit permet une belle variété avec de jolis duos / trios et même quatuors !
Cette photo est peut-être – certainement ! – redondante avec celles ci-dessus, mais qu’est-ce que je l’aime cette Huracan Performante !
Les filés, c’est un peu toujours la même chose. Alors autant en profiter pour faire des tests. Je descends la vitesse d’obturation à 1/20s contre 1/100s sur la plupart des photos en mouvement ci-dessus.
Je ne sais pas quoi en penser. Il faudrait vraiment m’y consacrer pendant une bonne session pour m’appliquer et surtout définir une intention de résultat. Là, j’ai baissé la vitesse pour avoir du flou. C’est réussi, c’est flou ! Mais ces clichés manquent de sens … à retenter à l’occasion.
Paddock bis
Un appel télépathique à mon taxi du jour et nous retournons au paddock. Lorsque nous arrivons, mes 4 favorites sont toutes regroupées : il suffit juste de s’armer de patience et attendre que les planètes s’alignent : personne dans le cadre et l’auto focus de mon 50mm qui fasse la mise au point au bon endroit ! Lorsque tout est réuni … j’en aurais presque les larmes aux yeux de bonheur !
Pitlane Bis
Je ne suis pas convaincu par ce que j’ai fait ce matin, alors je retente ma chance ! D’autant que les conditions météo sont dorénavant idéales avec un franc soleil.
Cette fois-ci, je reste au centre de la ligne droite pour profiter des vitesses plus importantes et jouer avec les tribunes et la passerelle.
Coup d’œil à la montre, il est presque 14h et une Mustang s’apprête à sortir du circuit. Renseignements pris, il s’agit de la première à partir pour le rallye de l’après midi. Ouf, je suis pile dans les temps. Mais c’est tellement difficile de quitter un tel environnement !
Ambitieux, j’entame une course qui est censée me faire rejoindre la voiture … à croire qu’une heure de tennis par semaine n’est pas suffisante pour entretenir ma condition physique. Lorsque j’atteins enfin le parking, je suis en nage, à bout de souffle mais aucune autre auto n’est sortie entre temps : timing idéal je vous dis !
En route pour la Balade !
Ayant reconnu le passage ce matin, je suis assez serein. 30 minutes plus tard, me voilà en position en bord de route … à attendre et me poser plein de questions :
- Les concurrents vont-ils bien suivre l’itinéraire prévu ?
- Seront-ils tous en convoi ce qui limiterait la variété du reportage ?
- Vais-je être à la hauteur de ces Supercars ?
Sur les deux premières questions, je suis rapidement fixé car le premier concurrent arrive. Grand soulagement !
L’idée c’est de parcourir ces 1500 mètres dans un sens, puis dans l’autre en changeant d’endroit dès que j’ai un cliché satisfaisant. Une fois revenu au point de départ, je filerai vers les champs colorés pour avoir une vue typique de la région. Alors, on y va ?
Variation autour de cette chicane vallonée, Merci Google !
Il est temps de me déplacer vers la rase campagne pour les derniers concurrents, dont mes 4 favorites. Je conduis les yeux dans les rétros. Imaginer ce convoi me doubler en étant incapable de les photographier, une vraie vision d’horreur. Par chance, à peine garé …
A ce moment-là, je suis complètement euphorique. Un mélange de joie et de soulagement, j’exulte littéralement, tout seul au milieu de rien ! D’autant que le hurlement du V10 résonne dans la campagne pendant encore de longues minutes après son passage. Vive les voitures électriques …
Cela ne vous a sans doute pas échappé : où sont l’Aventador et la M2 ? Aucune idée ! J’ai attendu près de 30 minutes après l’Alfa SZ … rien. Je suis planté là, au milieu d’un champ, ce qui ne manque pas de surprendre les automobilistes ! Soudain, une silhouette blanche au gabarit inhabituel approche. Concentration maximale, photos en rafale et … Tadam !
Vous l’aurez compris, pas de Lamborghini. C’est avec un soupçon de déception que je retourne à la voiture pour rentrer. Je traîne un peu les pieds, un coup d’œil par dessus l’épaule à chaque bruit de moteur. Je prends le parcours en sens inverse, appareil au poing. Mais rien … Tant pis, comment être déçu après une journée pareille ?! Le coucher de soleil me raccompagne jusqu’à Limoges, des souvenirs plein la tête, des étoiles dans les yeux et 1500 photos à trier !
Alors, heureux ?
Plutôt oui ! Je pourrais bien trouver à redire – photos de face à la chicane, pas de saut de vibreur, plateau réduit à 50 autos – mais finalement l’essentiel n’est pas là. J’ai passé une journée entourée de voitures extraordinaires, à Magny-Cours qui est un des hauts-lieux du sport auto français. Quant à mon reportage sur route, même s’il parait sous dimensionné dans cet article, tout s’est passé idéalement bien et j’ai pu réaliser les compositions que j’avais imaginées. A croire que « Le travail paye toujours ! »
D’ailleurs, puisque nous sommes dans les dictons, j’en ai un autre qui me vient à l’esprit. « La chance sourit aux audacieux! » Sur la photo ci-dessous, l’angle de prise de vue permet de masquer un vilain panneau derrière l’Huracan. Il en sera de même avec toutes les autos de ce groupe ! Quel soulagement lorsque j’ai découvert cela sur l’appareil photo !
@ bientôt pour de nouvelles Aventures Automobiles !
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Galerie bonus en guise de récompense !
Merci et félicitations pour votre travail et pour vos superbes photos. Je suis l’Alpine bleue N° 48.
Avec plaisir, il faut dire que votre auto m’a tapé dans l’œil !
Super photos et récit intéressant ! Un lecteur – déjà – fidèle…
Merci Philippe, @ bientôt 😇
Bravo tres bel article. Détaillé, passionné!! Tu m’as transmis ton amour pour l’histoire automobile!
Ravi que le plaisir soit partagé ! Merci de ne pas m’avoir roulé dessus également 🙂